Ce que tes lèvres me disent

Gilles Fortier

avec les dessins de LaOdina

Livre en tête-bêche en duo avec Lydia Padellec (nouvelle collection « DUO L », coéditions avec les Trouées poétiques), septembre 2022, 12€

Extrait : 

Tu venais de loin
de l’est au-delà du rideau de fer
avant que ce mur ne chute
ce qui arrive peu
en dépit de tout ce qui nous sépare
nos langages
moi latin toi slave
nous nous sommes compris ce jour
tes cheveux blonds tes yeux clairs vers moi inclinés
nous avions compris la scène que nous devions jouer
au-delà des frontières
ce que l’on sait dès l’enfance
ce qui est su par cœur
la longue journée jusqu’au soir sous la tente
nous avons déposé nos lèvres l’un contre l’autre pour en
faire un baiser
la radio jouait en sourdine
l’histoire sans fin
puis tu m’as dit dans ta langue
ce mot étrange que je sais encore :
« dors »

Délicieux gouffre

Lydia Padellec

avec les dessins de LaOdina

Livre en tête-bêche en duo avec Gilles Fortier (nouvelle collection « DUO L », coéditions avec les Trouées poétiques), septembre 2022, 12€ 

Extrait :

L’étreinte, Egon Schiele (1917)

Sur le drap blanc froissé un homme et une femme s’aiment tendrement. Leurs cheveux châtains s’entremêlent en une mer sombre et ondoyante. Deux corps de chair qui palpitent. Deux corps d’un sang qui circule l’un à l’autre. Corps sanguin et de lumière. Osmose.

Poèmes d’Alya

Isabelle Lagny

(avec les gravures de Danielle Péan Le Roux)

Mars 2018 (Tirage courant épuisé, sauf 1 TDT)Poèmes d'Alya

Extrait :

Les genêts

Des orages
avalent mon corps
et sur le front
de notre silence
tu m’accueilles là-haut
sur la lame des genêts

J’attends le moment
d’encercler ta poitrine
et les châteaux se pencheront
avec le vent de notre nuit

**

Tristesse de Robinson

Vincent Calvet
Avec les acryliques de Lydia Padellec

(Juillet 2017)

Extrait

Souvent les brumes du matin caressent son visage,Tristesse de Robinson
Ondoyante rivière aux veines silencieuses.
Les mousses, les micas, les pierres de diamant pur.
Elle chante à la lisière.
Le tonnerre a brisé les rocs.
L’orage gronde et ravage les herbages.
Déclivités lourdes écorchées vives.
Des routes désaxées par les tempêtes.
Arbres arrachés montrant leurs tripes
Calcinées.
Les carcasses des ifs.
La douleur du ciel étale sa blancheur.
Tout semble s’apaiser en un même soupir,
Une odeur de buis brûlés.
Après chaque blessure,
On voit jaillir la source,
Au fond imperceptible et mouvant,
Dans le silence clair des labours.

**

Sur terre comme sur mer

Maï Ewen
(Haïkus en breton et en français)

Avec les gravures de Serge MarzinSur terre comme sur mer
(mars 2017 – épuisé sauf 1 TDT)

Extrait

Noz teñval sklas
Sklaerder an aval-oranjez
er votez lufret.

*

Nuit froide
Clarté de la pomme d’orange
dans le sabot ciré

Gardien de trois fois rien

Olivier Cousin
Avec les acryliques de Lydia PadellecGardien de trois fois rien
(mars 2017)

 

Extrait

REPRISE DE FEU
L’incendie du mauvais œil
s’éteindra tout seul
Si l’envie lui prend
de repartir de plus belle
personne n’hésitera
à mettre ses tourments
en travers du chemin

On trouvera tant de choses
à relever et à replanter
après l’incendie
Tant de bouffées fertiles
auxquelles donner une chance

Une robe couleur de jour

Cécile A. Holdban
(poèmes en français et en hongrois)

Avec les aquarelles de Catherine SourdillonUne robe couleur de jour
(juin 2016) épuisé (sauf TDT)

Extrait

Une nuit, tu vins entrebâiller ma vie
d’une main qui ouvrait l’été.

Songe au large de tout, au-delà de tout, océan
seuil où toute chose
tremble et ne cesse dans la grâce.

Il y avait des oiseaux palpitants dans les mots,
et la tendresse du bois des flûtes.
Je plonge mes doigts dans l’eau du bassin, Poisson d’or
ta présence n’est pas un reflet.

*

Egy éjjel eljöttél, nyárbontogató kezed
létemet résre nyitotta.

Nyíltvízi, messze túli álom, óceán küszöbe,
hol minden létező
megremeg, és elözönli a hála.

Szavadban rebbenő madarak lakoztak,
furulyaerdők gyengédsége.
Medence vizébe mártom ujjaimat, Aranyhal,
jelenléted nem káprázat csupán.