Deuxième DUO L, 2023

Maïa Brami, Mise en tension de la ligne / Yekta, À l’article de la naissance. La Lune bleue – Trouées poétiques. Collection DUO L, 2023

Il s’agit du deuxième recueil publié par La Lune bleue, maison d’édition dirigée par Lydia Padellec, dans la collection DUO L. Cette collection a la particularité de publier deux poètes, un homme et une femme, dont les textes sont présentés en tête-bêche, avec des illustrations de LaOdina, autour d’une thématique chaque fois différente.

Après « Le désir », voici donc ce deuxième livre, qui réunit Maïa Brami et Yekta autour de « La danse ».

Chez Maïa Brami, le corps de la danseuse se fait aérien, il se déploie en milliards de tentacules, s’élance vers le soleil. Une femme s’exprime à la première personne du singulier :

Je suis
la mer qui t’appelle et te rejette sur le rivage
le sable qui t’invite et te mord comme mille fourmis
rouges
le vent qui chante et celui que tu poursuis sans
jamais l’attraper
Je suis
accords et contre-temps

La danse est une mise en tension du corps, une élévation, alors la danseuse ne fait plus qu’une avec le monde, l’univers, la nature : nuit, jument, oliviers, soleil, mer, vent, c’est tout cela qu’elle embrasse, qui s’engouffre en elle.

Chez Yekta, une femme est en prise avec le mauvais charme, l’effroi, l’épouvante, un soir d’orage. Une blessure l’habite, une lézarde ; elle cherche son identité, voudrait se défaire de cette gangue qui la retient prisonnière.

Elle ne sait pas cet art simple
d’être seulement pareille à soi-même

elle a ce cœur opaque
ce noyau creux

ce gros zéro tout froid
tantôt l’absente tantôt l’agrandit

La danse est ici ce mouvement qui la précède / la libère de son image.

Elle est ce qui se tord en longue mue
s’abandonne et s’élance

elle est ce qui s’approche
continuellement
se brouille et se découd
dans une danse obscure

Chez Maïa Brami comme chez Yekta, la danse est la figure de la métamorphose.

Valérie Canat de Chizy, « Lus et approuvés », Terre à ciel, décembre 2023

Fenêtres sur jardin

Fenêtres sur jardin, anthologie initiée et dirigée par Lydia Padellec, éditions La Lune bleue et les Trouées Poétiques, 14€

27 poètes ont répondu à l’appel de Lydia Padellec lancé durant le confinement du printemps 2020. 27 poètes inspirés par deux œuvres de LaOdina : « Jardin nu » et « Nouvelle ère 3 ». Une richesse et une grande variété dans les écrits des uns et des autres. A découvrir.
Les deux œuvres sont reproduites dans l’anthologie. La première faisant la part belle au vert et la seconde au rouge.
Sur Jardin nu
Pour pouvoir y accéder/cette clef que tu caches/en vert/ et contre tout. ( Morgan Riet)
Lire./ Se lever dans la maison silencieuse./ Encore peinte de sommeil, ouvrir la fenêtre et regarder le ciel gris. (Flora Delalande)
Sur Nouvelle ère 3
dans l’absence de contours/ de quoi souffrir //
le doute de la vie/porté au rouge. (Denis Heudré)
Ampleur de l’œil assoiffé d’horizon/en vain tu cherches le jour (Cécile Oumhani)

Chantal COULIOU, note parue dans la revue « Portulan Bleu » N°38, mai 2022

Fenêtres sur jardin

​Nous sommes pas moins de vingt-sept à tourner autour de deux œuvres de LaOdina, à l’invitation de Lydia Padellec, des éditions de la Lune Bleue, et de l’association des Trouées Poétiques.

Vingt-sept femmes et hommes d’horizons on ne peut plus différents – éloignés mais pas opposés, bien au contraire –, situant, exprimant, nommant l’arrière-scène de ces deux peintures sobres, chaudes, intimes – captations du réel, de la « vraie vie. »

Autrices et auteurs qui scrutent ce mystère antédiluvien du miroir, voit-on ou est-on vu ? Car il s’agit plus d’un miroir que d’une fenêtre, dans le fond, une fenêtre dirige vers l’extérieur ; là, tout est intérieur.

Ou bien est-ce cela, une fenêtre, une direction vers soi ; de même qu’un jardin est intime autant qu’à la vue du monde… et les mots qu’on extraie d’une peinture, ne sont-ils pas là aussi miroirs, plus que fenêtres ?

https://sipeutout.weebly.com/accueil/fenetres-sur-jardin?fbclid=IwAR2LICSaZrcjIIBuIZ1_jp_0Guq33NI4v7gOG-n5IrwEE0ELYCWWF83LUb4

Vincent Motard-Avargues, sur Si peu tout, 22 mars 2022

Au plateau des Glières

D’Hervé Martin

Une poésie plus volontariste.
Hommage à ceux qui souffrent.

Dans une volonté d’aider nos contemporains à vivre, d’interroger le monde pour aider chacun
à le comprendre, le poète écrit en écho et en révolte aux injustices, pour les écrasés, les humiliés,
les résistants aussi.
Dans le très joli petit opuscule Au plateau des Glières. Paru aux
Editions de la Lune bleue en 2010 et tiré à 50 exemplaires
seulement, le poète rend hommage à ceux pour qui Vivre
libre/mourir/telle est la devise/que cultive/le terreau de vos
corps/ Et la colombe/l’aigle/dans le ciel luttent encore/dans les
cris/rappelant la mitraille…Aux Glières/sur ce plateau/au bas de
futaies vertes/et de grises parois/vos Ombres sans cesse/
transpercent notre oubli …A cet arrachement/de vos vies/mes
pas soudain trébuchent
Ainsi dans le recueil Voyage au bout des doigts. Collectif de poètes, musiciens et plasticiens
édité en 2012, Hervé Martin rend-il hommage aux émigrés, à tous ceux qui partent heureux
/pour ce voyage/où l’espérance/nourrit ce corps transi de perte… Au fond de la tranchée/il
sue/pioche/la terre/recherchant sous la gangue/la croûte magnifique/ pour emplir/au centre de
la table/la gamelle/et les mains des enfants.

https://yveline.org/wp-content/uploads/2021/10/Herve-Martin-1.pdf

Article de Jocelyne Bernard sur « Le Pays d’Yveline », octobre 2021

Chanson de l’air tremblant

De Mérédith Le Dez

avec les gravures de Chantal Gouesbet (mars 2016, épuisé)

Fougueux destrier, surgi on ne sait d’où, tu as traversé d’un bond l’espace dans un tumulte fulgurant.
Un masque de poussière dissimulait ton visage. Le lecteur a eu à peine le temps de lever les yeux de son livre, que déjà tu avais disparu sur l’horizon.
Ainsi s’installaient autrefois les « grandes vacances »! Le rêve a un peu rétréci mais il sollicite encore le lecteur distrait, il suffirait de se laisser faire…
À lire ces mots de femme, je sens craquer mille et une barrières! « La chanson de l’air tremble sur ma robe » tandis qu’à l’ultime page du recueil, la vague verte du graveur balaye toute retenue!!!

http://lintula94.blogspot.com/2020/07/meredith-le-dez-le-destrier-du-temps.html

Roselyne Fritel, « Le Temps bleu », 27 septembre 2020

Parfois minuit parfois matin

De Gérard Cléry, avec les aquarelles de Michel Le Sage

Par sa minceur et son format, ce livre pourrait tenir dans la poche. Sauf qu’il tient du livre d’artiste : création artisanale, beau papier, cousu, tirage numéroté et signé. Il vient surtout d’une parole rare. Les aquarelles de Michel Le Sage placent les mots du poète dans le rythme cosmique des jours et des marées. Bref, le livre tient sa place et son rang dans la bibliographie de Gérard Cléry.

Marie-Josée Christien, Spered Gouez n°24, octobre 2018

Gardien de trois fois rien

d’Olivier Cousin, avec les acryliques de Lydia Padellec

Les éditions de la Lune bleue proposent de petits livres de seize pages au format A6, cousus. De beaux objets réalisés en une cinquantaine d’exemplaires numérotés. Voilà pour l’aspect physique des choses.
Ce petit livre-ci fait poèmes de pas grand chose. Instants, éphémère, bouffées, questions, ruines, une exploration de ce qui est et disparaît, de ce qui nous échappe, – comme la vie elle-même – et nous met, finalement, devant l’essentiel. Huit poèmes seulement, mais qui nous ramènent à un peu d’humilité et nous interrogent. Essentiel, oui. Et existentiel…

Regrettons que la Lune bleue ait choisi de s’éclipser… Il n’y aura plus de nouveau livre…

Alain Boudet, la Toile de l’un, septembre 2018

http://www.latoiledelun.fr/spip.php?article834&lang=fr

Parfois minuit parfois matin

De Gérard Cléry, avec les aquarelles de Michel Le Sage

La qualité d’une plaquettes de vers ne se mesure pas à sa minceur. Elle se mesure au plaisir qu’on prend à la lire et à la rareté du tirage. Et c’est le cas avec « Parfois minuit parfois matin » de Gérard Cléry… Quelques poèmes (huit seulement) ! Mais accompagnés d’aquarelles de Michel Le Sage ; on connaît depuis longtemps la perfection du travail de Lydia Padellec, à l’enseigne des éditions de la Lune bleue. Les poèmes de Gérard Cléry, plutôt descriptifs, sont cependant traversés d’une sombre inquiétude. Un petit livre précieux à conserver soigneusement dans sa bibliothèque. La couleur ne rend pas compte de la somptuosité du recueil comme elle ne dit rien des aquarelles de Michel Le Sage…

Lucien Wasselin, Chemins de lecture 2018, revue Texture (mars 2018)

http://revue-texture.fr/chemins-de-lecture-2018.html#clery

Poème en plein air

De Dominique Borée, avec les tondi/photos de Jean-Michel Le Claire

Aux éditions de la Lune bleue, vient de paraître le dernier recueil de Dominique Borée : Poème en plein air. On pourrait écrire Poète en plein air tant le bonhomme suit son petit chemin de poète en toutes saisons. Chacun des haïkus choisis avec soin est un petit tableau pour l’œil, le nez, l’oreille, la peau. la langue. La langue ? Non ? Si, goûtez « pour des prunes ».
J’ai une tendresse particulière pour ce haïku qui prétend n’en pas être* :

sur cette ombelle
toutes sortes d’insectes
– pas un seul haïku

Le haïkiste – c’est sans doute sa nature – se montre humble devant ce qu’il donne en partage. Ici, il se dégage de cet ensemble un sentiment de sérénité.
En parfaite harmonie avec l’écrit, les tondi/photos de Jean-Michel Le Claire contribuent à enrichir l’ouvrage, qui mériterait – seul regret – pagination plus généreuse.

Au rythme de quatre ouvrages par an, la belle collection des éditions de la Lune bleue, animée par Lydia Padellec, poète et artiste, a déjà accueilli Gérard Noiret, Mario Urbanet, Daniel Py, Colette Nys-Mazure, Marie-Josée Christien, Jeanine Baude, Yves Prié, Jean-Claude Touzeil, Claude Beausoleil…**

* écrit à Durcet, terre d’inspiration, s’il en est.
** Et je ne cite ici que les noms des poètes fréquentant les étagères de ma
fourbithèque©.

Yves Barré, sur son site « ah oui » (23 septembre 2016)

http://ahoui.eklablog.com/une-pensee-sauvage-a126986816