Collectif dirigé par Lydia Padellec, avec les gravures sur bois de Limin Chen
Ce « collectif de dix haïjins nés à partir de 1970 » présente six haïkus de chaque auteur : Vincent Hoarau, Cécile Duteil, Stéphane Bataillon, Soizic Michelot, Loïc Eréac, Gwenaëlle Laot, Jean-Baptiste Pedini, Lydia Padellec, Rahmatou Sangotte et Meriem Fresson.
Vincent Hoarau évoque de profonds sentiments (chagrin, plénitude, compassion) :
Labour d’hiver -/ le chagrin a repoussé/ comme le chiendent
Cécile Duteil nous parle essentiellement de dessin ou d’instants citadins :
Esquisses -/ user mes crayons/ au grain de sa peau
A l’inverse, Stéphane Bataillon semble plus proche de la nature :
Soleil du matin./ Elle hésite à quitter la feuille/ la goutte de rosée
Soizic Michelot se concentre sur ses sentiments :
Une vieille blessure/ et la fenêtre/ ouverte
Loïc Eréac préfère confronter les images :
Le moucheron -/ l’oeil qui le suit aussi/ erre sans but
Gwenaëlle Laot nous montre la (sa ?) Bretagne ou s’interroge sur le temps qui passe :
Sur la bande de sable/ les vacanciers se resserrent -/ marée montante
La source d’inspiration de Jean-Baptiste Pedini est essentiellement la nuit :
Cerisiers en fleur/ la nuit noire est constellée/ de petits yeux brillants
Tandis que le coeur de Lydia Padellec s’ouvre pudiquement :
Photo de famille -/ le frémissement des lèvres/ avant le sourire
Rahmatou Sangotte se sent attirée par les corps ou les vêtements :
Ses côtes saillantes -/ dessous, son ventre/ de cinq mois
Meriem Fresson privilégie les faits des hommes :
Hall d’immeuble glacé/ mon nom collé/ près du tien
Dix voix qui se dévoilent en toute sobriété, dans des formes variées, pour notre plus grand plaisir.
Dominique Chipot, Ploc’ la lettre du haïku n°57, septembre 2012