Le temps fait corps avec la terre

Sylvestre Clancier,Le temps fait corps avec la terre

avec les acryliques de Lydia Padellec

(décembre 2013) épuisé – sauf TDT (60€)

Extrait :

Pluie qui lave les racines
pluie
si féconde
qui nettoie l’avenir
les herbes, les ravines

Je sais que dans ma bouche
tu as ce goût de ciel

Je me délecte
de ce miel
sur mes lèvres humides

Intarissable source
de mémoire vive
à l’orée de mon sang.

De seuil en seuil

De seuil en seuilColette Nys-Mazure,

avec les peintures de Jean-François Ramolino

(décembre 2013) épuisé (sauf TDT)

Extrait :

IV

Paysage à l’os
Dépouillement dénuement
Le dessin acéré des arbres
Contre le ciel terne

Le vent âpre balaie la plaine
Le froid resserre ses pinces
Dans l’interminable obscurité
On guette la neige sa fragile lumière

Soirée rencontres à Paris

Le samedi 18 janvier 2014 à partir de 19h, au bistrot St Eustache (Paris 1), la Lune bleue a présenté ses deux nouveaux livres – De seuil en seuil et Le temps fait corps avec la terre – en présence des poètes Colette Nys-Mazure et Sylvestre Clancier, l’artiste Jean-François Ramolino.

Le public fut très nombreux : merci en particulier aux haïjins du kukaï parisiens qui sont restés à la lecture !

Ce fut une très belle soirée !

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Le 18 janvier 2014 : Rencontre à Paris

Le samedi 18 janvier à 19h, la Lune bleue présentera ses deux nouveaux livres, en présence des poètes Colette Nys-Mazure et Sylvestre Clancier, ainsi que l’artiste Jean-François Ramolino, au Bistro Eustache (2e étage), 37 rue Berger, Paris 1.

La rencontre se terminera – pour ceux qui le souhaitent – par un repas convivial.

Bonne année !

La Lune bleue vous souhaite une belle année 2014, lumineuse et dans la chaleur fraternelle de la poésie !

Elle vous présente également ses deux nouvelles parutions :

– De seuil en seuil de Colette Nys-Mazure, avec les peintures de J-F Ramolino

– Le temps fait corps avec la terre de Sylvestre Clancier, avec les acryliques de Lydia Padellec

De seuil en seuil Le temps fait corps avec la terre

Table rase

Gilles Cheval, avec les peintures aluminium de FloFa

Les jeunes éditions de La Lune bleue créées en 2010 semblent se réduire à une personne, Lydia Padellec, qui conçoit (en sollicitant poète et artiste), imprime, relie ou broche et diffuse ce qu’elle choisit d’éditer. Elle a su créer une ligne graphique reconnaissable de petits livres d’artistes. Table rase de Gilles Cheval (avec la collaboration de Floriane Fagot) en est la preuve. Tiré à 50 exemplaires (dont 5 de tête avec une peinture originale de l’artiste et un texte manuscrit du poète), de format 10×15 cm, c’est un livre précieux qui donne à lire un poème courant sur huit pages.

    Table rase : comment ne pas penser à ce vers de L’Internationale, le poème d’Eugène Pottier qui deviendra chanson grâce à la musique de Pierre Degeyter et l’hymne, dès 1904, des travailleurs révolutionnaires : « Du passé faisons table rase » ? Et dès le premier vers, (« Sais-tu combien je n’en peux plus des lendemains qui chantent »), on s’interroge, par sa référence, non seulement à l’autobiographie posthume « Les lendemains qui chantent » de Gabriel Péri, député communiste fusillé par les nazis en 1941 qui cite, à la fin de sa lettre d’adieu, le vers de Paul Vaillant-Couturier, extrait de sa chanson « Jeunesse » (sur une musique d’Arthur Honegger de 1937) : « Nous bâtirons un lendemain qui chante », mais au devenir politique et littéraire de cette expression. Comment lire ce poème de Gilles Cheval ?

    Si dès la deuxième page du poème, l’auteur semble condamner la société de consommation avec sa vie lyophilisée (« nourriture en boîte espoirs sous vide des jours pleins à ras bord de quotidien… »), reste – qui pose problème – cette confusion des trois aspects du temps (passé, présent et avenir) qui se  répète :

« jamais ne vois ne verrai ne vis plus…. »
« le meilleur  à venir qui bientôt se perdra  qui déjà s’est perdu et qui se perd encore… »

Cette notion d’un temps qui se vaut à chaque instant revient à nier le progrès, certes pas à tort (si l’on considère la présente séquence historique), et à supprimer la possibilité de lendemains qui chantent. Mais de quels lendemains qui chantent s’agit-il ? Ceux annoncés par Paul Vaillant-Couturier ou ceux annoncés par le capitalisme politico-financier ? Ou, plus généralement, de l’impossibilité de vivre dans cette société qui est la nôtre, une société fondée sur l’argent et les apparences ? La réponse à ces questions est (peut-être ?) dans le dernier vers : « et toi comme un idiot fixes-tu du regard le bout de tes chaussures ». L’obscurité du poème serait à l’image de l’indécision du sujet, de ce TU dont on cherche tout au long de la lecture l’identité : l’autre ou l’alter ego du poète ?

    Et Floriane Fagot, que dit-elle, dans ses peintures tachistes qui accompagnent le poème ? Elle joue de la réaction des couleurs sur le support ; serait-ce une peinture du chaos auquel fait penser le poème ? Alors sa peinture serait ici comme l’image d’un chaos qui reste à percer pour en découvrir les rivages secrets, comme une image du ciel étoilé qui, au-delà de son apparence, obéit aux lois de la mécanique céleste…

Lucien Wasselin, « Lecture(s) », Recours au poème n°78, décembre 2013

http://www.recoursaupoeme.fr/critiques/table-rase-de-gilles-cheval/lucien-wasselin