Tristesse de Robinson

Vincent Calvet
Avec les acryliques de Lydia Padellec

(Juillet 2017)

Extrait

Souvent les brumes du matin caressent son visage,Tristesse de Robinson
Ondoyante rivière aux veines silencieuses.
Les mousses, les micas, les pierres de diamant pur.
Elle chante à la lisière.
Le tonnerre a brisé les rocs.
L’orage gronde et ravage les herbages.
Déclivités lourdes écorchées vives.
Des routes désaxées par les tempêtes.
Arbres arrachés montrant leurs tripes
Calcinées.
Les carcasses des ifs.
La douleur du ciel étale sa blancheur.
Tout semble s’apaiser en un même soupir,
Une odeur de buis brûlés.
Après chaque blessure,
On voit jaillir la source,
Au fond imperceptible et mouvant,
Dans le silence clair des labours.

**

Sur terre comme sur mer

Maï Ewen
(Haïkus en breton et en français)

Avec les gravures de Serge MarzinSur terre comme sur mer
(mars 2017 – épuisé sauf 1 TDT)

Extrait

Noz teñval sklas
Sklaerder an aval-oranjez
er votez lufret.

*

Nuit froide
Clarté de la pomme d’orange
dans le sabot ciré

Gardien de trois fois rien

Olivier Cousin
Avec les acryliques de Lydia PadellecGardien de trois fois rien
(mars 2017)

 

Extrait

REPRISE DE FEU
L’incendie du mauvais œil
s’éteindra tout seul
Si l’envie lui prend
de repartir de plus belle
personne n’hésitera
à mettre ses tourments
en travers du chemin

On trouvera tant de choses
à relever et à replanter
après l’incendie
Tant de bouffées fertiles
auxquelles donner une chance

Une robe couleur de jour

Cécile A. Holdban
(poèmes en français et en hongrois)

Avec les aquarelles de Catherine SourdillonUne robe couleur de jour
(juin 2016) épuisé (sauf TDT)

Extrait

Une nuit, tu vins entrebâiller ma vie
d’une main qui ouvrait l’été.

Songe au large de tout, au-delà de tout, océan
seuil où toute chose
tremble et ne cesse dans la grâce.

Il y avait des oiseaux palpitants dans les mots,
et la tendresse du bois des flûtes.
Je plonge mes doigts dans l’eau du bassin, Poisson d’or
ta présence n’est pas un reflet.

*

Egy éjjel eljöttél, nyárbontogató kezed
létemet résre nyitotta.

Nyíltvízi, messze túli álom, óceán küszöbe,
hol minden létező
megremeg, és elözönli a hála.

Szavadban rebbenő madarak lakoztak,
furulyaerdők gyengédsége.
Medence vizébe mártom ujjaimat, Aranyhal,
jelenléted nem káprázat csupán.

Bruissements d’origine

Claude BeausoleilBruissements d'origine
(de l’Académie Mallarmé)

Avec les acryliques de Lydia Padellec
(juin 2016 – épuisé sauf TDT)

Extrait

TRAVERSER, la blancheur

Ressacs, boréale
zone verbale

Tu dis cette voix vient du poème
tu dis le poème vient du silence
blessure déroutée née des giboulées
enfance vidée de vies obscures
ça s’entend dans ta voix

là où nulle neige n’assassine le soleil

Tu manuscris l’éphémère:

Chanson de l’air tremblant

Mérédith Le Dez
avec les gravures de Chantal Gouesbet Chanson de l'air tremblant
(mars 2016) épuisé (sauf TDT)

Extrait

A la dérobée
le temps d’une photo
à midi écrasant
je rejoignais le poème
par un hasard caraïbe

ainsi l’on découvre
bouche brûlante
une clairière
après avoir longtemps
marché dans la forêt

L’heure lente

Yves PriéL'heure lente
avec les peintures de Lydia Padellec
(juin 2015 – épuisé sauf TDT)

Extrait

Prenez le temps avec l’attention de celui
qui sait l’épaisseur des jours.
Il ne se compte, ni ne se passe.
Il se goûte avec l’appétit
que l’on apprend des crépuscules.

Heureuse l’heure lente
qui nous rend le désir du temps
et la saveur des mots

 

Sacrés

Jean-Claude TouzeilSacrés
avec les images de Pierre Rosin
(mars 2015) épuisé

Extrait

J’ai trois ginkgos dans mon jardin
Le premier quelle allure
se prend pour une éolienne
Le second rêve encore
de côte d’azur
Le dernier sort de l’imprimerie
l’encre est à peine sèche

Tous les trois se souviennent
du temps des dinosaures
et des nuages du Japon

Quand l’automne arrive
ils mettent leur robe de lune
et c’est plus fort qu’eux
ils prennent toute la lumière